Collection
Le Namurois et ses corps de métier
Dès le dernier quart du 13e siècle, les métiers de Namur se dotent de chartes constitutives, qui aboutissent à la formation de corporations ou corps de métier. Essentiels dans la société d’Ancien Régime, ces groupements urbains, réunissant des artisans autour de techniques traditionnelles, de procédés normalisés et d’une activité précise, sont souvent devenus au fil du temps le reflet d’une identité locale. Ils sont également à l’origine de chef-d’œuvres d’orfèvrerie et de peinture sur verre, dont certains sont aujourd’hui conservés dans notre musée.
À ne pas manquer
Verre peint, 1612 (coll. Société archéologique de Namur, inv. 99b)
Rondel "Le toucher"
Ce rondel datant du 17e siècle représente une allégorie du Toucher (en latin Tactus), incarnée par une figure féminine. Elle est accompagnée de ses attributs habituels : le faucon, la toile d’araignée, l’hermine et la tortue, qui symbolisent les sensations douces ou fortes. Mais également d’une inscription tirée du chapitre 5 du premier épître de saint Pierre : « Soyez sobres et restez vigilants ».
La composition est inspirée d’une gravure d’Adriaen Collaert (1560-1618) d’après un dessin du maître anversois Maarten De Vos (1532-1603), qu’un peintre-verrier anonyme s’est chargé de transférer sur le verre, non sans quelques modifications.
À ne pas manquer
Argent et laiton, 1509 (coll. privée, dépôt auprès de la S.A.N., inv. 233bis)
Afflige des menuisiers avec saint Matthieu
En forme de phylactère à trois lobes, cette magnifique afflige des menuisiers est la plus ancienne de notre collection. C’est aussi un chef d’œuvre de technique, alliant travail du battage, de la ciselure et de la soudure.
Saint Mathieu, le protecteur des menuisiers, occupe le centre de la composition sous un dais superbement décoré. Il est accompagné, de part et d’autre, d’écus aux armoiries de Philippe le Beau et de Namur. L’afflige présente également deux artisans, en train de travailler le bois au moyen d’une varlope et d’un ciseau, deux de leurs outils. Celle-ci est suspendue à une chaîne finement ouvragée et ornée de rinceaux, stylisés de feuillage.
Les corporations d’artisans reposent avant tout sur un principe fondamental : la transmission d’un savoir-faire d’individu en individu, de génération en génération. Ces organisations humaines, aux règles précises, sont dotés d’une hiérarchie, garante de la qualité et de l’excellence de leur production. Après avoir été formé et encadré, un apprenti devient ainsi compagnon. La création d’un chef d’oeuvre lui permettra ensuite d’atteindre le statut tant convoité de maître.
Avec l’élargissement au 15e siècle du statut corporatif, les corporations évoluent. Jouissant d’exclusivités dans le domaine de la fabrication et de la vente de certains produits, elles peuvent aussi agir comme des sociétés de secours mutuel pour leurs membres. Les corps de métiers de Namur – qui atteindront le nombre de vingt-cinq au 18e siècle et se verront même représentés aux États provinciaux – ont dès lors offert à leurs artisans une protection et les garanties de stabilité qui leur ont permis de créer des pièces d’excellence. Les affliges, les rondels et la paire de flambeaux de Guillaume Posson, conservés au TreM.a – Musée des Arts anciens du Namurois, en sont quelques exemples.
Les affliges
Découvrez nos huit affliges en argent et deux de leurs écrins, une collection exceptionnelle classée comme « Trésor » par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Symboles des corporations, ces « pectoraux », sorte de colliers de cérémonie, étaient portés par les doyens des corps de métier lors d’assemblées et de cérémonies importantes, comme la procession patronale. Sont représentés dans notre musée : les meuniers, les menuisiers, les portefaix, les drapiers, les bateliers, les boulangers, les potiers et les fripiers.
Les rondels
Admirez notre douzaine de rondels, dont l’art a connu un succès florissant au nord des Alpes, et tout particulièrement dans les Pays-Bas, du 15e au 17e siècle. Ces petits panneaux de verre incolore, de format généralement circulaire, étaient autrefois peints à la grisaille et au jaune d’argent. En raison de leurs dimensions réduites, ils s’adaptaient à tout type d’embrasures : les verrières des cloîtres, des appartements monastiques et des édifices civils (hôpitaux, tribunaux, etc.) ainsi que dans les parties supérieures des fenêtres à croisée de certaines demeures bourgeoises. Des thèmes aussi bien profanes que religieux y étaient représentés : portraits, armoiries, épisodes bibliques ou bien représentations de saints.