Collection
La région rhéno-mosane et sa statuaire
Brabançonnes, rhénanes, françaises, … Au cours du Moyen Âge et de la Renaissance, les styles se rencontrent et s’influencent dans le bassin rhéno-mosan. S’étendant du Rhin à la Meuse, ce véritable vivier artistique nous a laissé nombre de sculptures d’exception en bois, en pierre ou en ivoire. De tradition gothique, gothico-renaissantes ou maniéristes, les œuvres exposées dans notre musée témoignent à la fois de la diversité des styles et du talent des artistes et des ateliers de l’époque. Partez à leur découverte en suivant notre parcours de Christs, Vierges, saint.e.s, groupes sculptés et fonts baptismaux, tous produits entre le 12e et le 16e siècle.
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Vers 1260-1270 (coll. Société archéologique de Namur, inv. 27)
Vierge à l’Enfant de Marche-les-Dames
Réalisée dans du bois de chêne, cette Vierge appartenait autrefois à l’Abbaye Notre-Dame du Vivier de Marche-les-Dames. Portant l’Enfant-Jésus de côté, dans une posture élégante et naturelle, elle est classée comme « Trésor » par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour la richesse de son décor et pour sa polychromie d’origine.
Cette oeuvre d’exception est la seule sculpture mosane du 13e siècle à avoir conservé son visage originel. Ses carnations – tout en nuances et en dégradé – lui donnent une dimension très réaliste. Une impression de souplesse et de légèreté se dégagent également de la statue, grâce à l’asymétrie de ses draperies et la finesse de ses plis.
Les imitations d’orfrois, sur le manteau de la Vierge, sont ornés de rinceaux ou agrémentés de perles et de pierres colorées. À l’instar de la chevelure, ces bandes de broderie d’or sont réalisées en relief selon la technique dite a pastiglia, conférant une dimension tactile à la polychromie.
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Vers 1510-1520 (coll. Société archéologique de Namur, inv. 39)
Christ en croix
Ce Christ en croix fragmentaire – seul le tronc et une partie des jambes subsistent – provient de l’ancienne chapelle du Pont de Sambre ou de l’église Saint-Martin de Tamines. D’une qualité remarquable, il appartient au corpus d’œuvres attribuées à Maître Balthazar.
Au cours de sa carrière, l’artiste a réalisé de nombreux Christ en croix, présentant des similitudes stylistiques, au niveau du traitement de l’anatomie et du drapé du pagne (ou « périzonium »), notamment. On peut ici retrouver le bas du thorax qui rentre sous la peau, le rendu précis de la cage thoracique avec les côtes visibles de profil et se terminant en fer à cheval, les tendons saillants aux cuisses, les genoux incisés verticalement ou bien encore le périzonium, en forme de croix et aux plis épais, qui passe entre les cuisses.
À l’origine, le tissu sculpté était davantage animé par une partie volante, aujourd’hui disparue mais toutefois visible sur d’autres Christ en croix du maître sculpteur.
Pousser les portes du musée, c’est entrer dans un univers parfois coloré, souvent surprenant et toujours passionnant… Polychromées, décapées, repeintes, les œuvres rhéno-mosanes telles qu’elles se présentent aujourd’hui sont en effet parfois bien éloignées de leur aspect d’origine. Elles présentent toutefois des qualités plastiques remarquables et sont les précieux témoins de la mobilité des œuvres et des artistes, de la vitalité des ateliers et de l’influence que les uns exercent sur les autres.
Parmi eux, le virtuose Maître Balthazar incarne le passage du style gothique au maniérisme. Ce grand sculpteur de la fin du Moyen Âge était actif à Liège, au service du prince-évêque Erard de la Marck. Reconnu de son vivant, il a influencé des sculpteurs régionaux tels que le Maître du Calvaire de Lesve, qui a inspiré à son tour le Maître de Waha, artistes dont plusieurs œuvres sont également à découvrir dans notre musée.
(Coll. S.A.N. – ©Thomas Cleerebaut)
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